Jean Bloch, dit Jean-Richard Bloch, né le à Paris 8e et mort le à Paris 1er, est un écrivain, essayiste, homme politique, journaliste et poète français.

Il a siégé au Conseil de la République dans le groupe communiste.

Biographie

Famille et jeunesse

Né Jean Bloch, il est le fils de Richard Bloch (1852-1934), ingénieur des Ponts-et-chaussées, et de Louise Lévy (née le à Carling, Moselle et assassinée le à Auschwitz,). Son grand-père, Abraham Bloch est originaire du village de Lauterbourg, en Alsace. Après une scolarité secondaire au lycée Condorcet, il suit des études d'histoire et de géographie en même temps qu'il écrit ses premiers textes, des nouvelles et un roman.

Il rencontre en 1905 Marguerite Herzog, sœur d'André Maurois, qu'il épouse le 26 septembre 1907. Agrégé d'histoire la même année, il devient professeur au lycée de Lons-le-Saunier, puis à Poitiers à partir de la rentrée de 1908. Il se fait mettre en congé en 1909 afin de se consacrer à l'écriture. Il fonde en 1910 - sous le pseudonyme de Jean Richard - une publication intitulée L'Effort,, qui devient L'Effort Libre deux ans plus tard, à laquelle collaborent notamment des artistes peintres comme Gaston Thiesson et Bernard Naudin. Le , il s'installe 138 rue de La Mérigote, dans ce qui n'était pas encore, le long du Clain, la banlieue de Poitiers. Achetée deux ans plus tard, la villa accueillera durant les étés de nombreux intellectuels.

Première guerre mondiale

Engagé en 1914, caporal, puis sous-lieutenant et lieutenant dans l'infanterie, il est blessé à trois reprises. Il est décoré de la croix de guerre.

Entre-deux guerres

Après la guerre, il collabore à La Vie Ouvrière et à L'Humanité, ainsi qu’à la revue Clarté. Socialiste depuis qu'il était étudiant, il adhère au Parti communiste français dès 1921] mais le quitte au moment de la bolchevisation. Il contribue, avec Romain Rolland et un comité d'écrivains, en 1923, à la création de la revue Europe dont son frère Pierre Abraham figure aussi parmi les premiers collaborateurs. Il collabore également en tant qu'éditeur à la maison d'éditions Rieder qui édite Europe. Lui qui a corrigé les écrits de Panaït Istrati pour les éditions Rieder et pris connaissance de son essai sur l'URSS, Vers l'autre flamme, se laissera abuser lors de son voyage en URSS (1934), avant de devenir un ardent propagandiste stalinien[réf. nécessaire].

Si, en 1933, il se situe entre socialisme et communisme, sans appartenir à l'un des deux partis, il milite en faveur de la cause antifasciste et du Front populaire et se rapproche du Parti communiste. Après la crise du 6 février 1934, il adhère au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA) et à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR). Il participe en août 1934 au Congrès des écrivains soviétiques à Moscou. Ce voyage officialise son rapprochement avec le PCF. Il organise et participe activement au Congrès international des écrivains pour la défense de la culture en 1935 et, avec Louis Aragon à la fondation du quotidien communiste Ce soir en .

Seconde guerre mondiale et vie en URSS

Il adhère au Parti communiste français à la fin du printemps ou au début de l'été 1939, soit quelques semaines avant le Pacte germano-soviétique. Ebranlé par le pacte, il le soutiendra officiellement ainsi qu'il le fera pour les députés communistes arrêtés dans les semaines qui suivront. Il s'engage cependant dans la Résistance après l'occupation allemande.

Au début de l’année 1941, se sentant de plus en plus menacés en tant que communistes et en tant que juifs, les Bloch vont décider de fuir en URSS. En dépit de la barrière linguistique, ce choix soviétique semble logique pour des raisons politiques, mais aussi financières. Ce n’est cependant en rien un départ clandestin comme le prétendra l’écrivain lors de sa conférence à France-URSS de 1946. Le , il rédige une lettre à Staline, pleine d'admiration, qui le classe définitivement comme un intellectuel communiste.

Le , ils quittent en effet Paris en direction de l’Allemagne avec un visa de transit en bonne et due forme. Arrivé à Moscou le , Bloch répond longuement aux questions d'André Marty sur la situation en France dans la fin de l'après-midi et dans la soirée du vendredi . De cette conversation qui se termine à minuit dix, des « Notes sur les Français » sont rédigées (de manière antidatées donc) par André Marty sans doute immédiatement après l'entretien. Elles sont ensuite peut-être traduites en russe par les services du secrétariat de l'IC dans un style qui est davantage celui de Marty (dilatoire et paranoïaque) que celui de Bloch. Une de ces notes, conservées aux archives du Komintern, rapporte des propos qu'André Malraux aurait tenus au début de la guerre à l'ambassade du Chili devant un fonctionnaire d'ambassade communiste : « Il n’y a qu’une seule solution [pour les communistes] : le mur ». Comme tous les documents issus du Komintern, ces « Notes sur les Français » qu'Olivier Todd qualifie de « modèle de délation » sont donc à prendre avec précaution. Même si Jean-Richard Bloch était sans doute critique face à la position d'André Malraux à l'égard des communistes, il répond quelques jours après son arrivée à des questions précises (un quasi interrogatoire ?) à un André Marty qui exerce un contrôle étroit sur les Français présents alors en URSS. Marty revoit et questionne Bloch quasiment tous les jours qui suivent. Enfin, le , Bloch présente oralement un rapport devant le secrétariat du Comité exécutif de l'IC (qu'il qualifie d'état-major du Komintern) « Sur la situation en France ». Dans le procès-verbal (rédigé là encore par Marty) de l'entretien, Malraux n'est pas évoqué (à la différence de Paul Langevin, Romain Rolland, André Gide et Charles Vildrac). En effet, Marty (qui est aussi celui qui assure la transcription des propos de Bloch), écrit en introduisant son procès-verbal : « Notes prises par le camarade André Marty - Toutes les questions déjà traitées dans les conversations particulières et dans le rapport écrit sur les intellectuels ne sont pas répétées - une table des matières d'ensemble permettra de retrouver les questions essentielles dans les différents exposés et rapports du camarade Bloch. » : Ce rapport écrit (par Marty à partir d'un rapport ou de conversations orales de ou avec Bloch) sur les intellectuels, c'est peut-être cette fameuse " Notes sur les Français ».

En URSS, Bloch sera journaliste et écrivain. C'est le seul intellectuel français de renom présent en URSS. Il devient en effet à partir d’ une des voix de la France depuis Moscou, la seule officielle. Il réalise en effet pendant presque tout son exil des émissions en langue française à Radio-Moscou. Cette activité est interrompue par des maladies (nombreuses et parfois très graves), par la période d’évacuation du fait de l'avancée des troupes allemandes à Kazan avec des intellectuels soviétiques en , et celle de mise en place de la radio à Oufa où se trouvent les autres communistes français (où ils arrivent en décembre 1941 et vont rester un an), peut-être aussi par le transfert des activités radiophoniques au secteur français de la radio d’État, et enfin, en août et par son voyage à Leningrad. De retour à Moscou en , il écrit une pièce, Toulon, qui est jouée au début 1944 à Alger et en Afrique du Nord, puis à Paris et Tokyo en 1945 et 1946.

Pendant toute cette période, comme les intellectuels soviétiques, les Bloch sont évidemment soumis à la censure. Celle des Soviétiques (l'Union des écrivains au départ, celle des journaux avec lesquels il collabore, plus largement celle du Sovinformbureau, et celle du Bureau d'informations du Mid), mais aussi celle des Kominterniens, en particulier celle d'André Marty, jusqu'au départ à Alger de ce dernier en .

Même bien après la dissolution du Komintern, le rôle de Jean-Richard Bloch, que Marty tient strictement à limiter à celui d’un intellectuel, est surveillé, planifié. Dans la plupart des cas, Bloch se plie à des commandes. Durant cette période, Bloch et sa femme Marguerite deviennent très amis des Thorez, eux aussi exilés en URSS. Avec l'arrivée des missions gaullistes dont une partie des membres loge dans le même hôtel qu'eux, l'écrivain devient aussi une courroie de transmission entre les gaullistes et les communistes. À partir de 1943, il tisse en particulier des liens avec Roger Garreau et Jean Cathala du côté des civils, le commandant Schmitlein ou le général Petit et les pilotes du Normandie-Niemen du côté des militaires. C'est alors qu'André Marty, déjà suspicieux à l'égard de ce communiste de fraîche date, écrit des rapports outranciers où il prête notamment à Bloch des propos accusateurs à l'égard de Malraux.

Retour en France

Les Bloch rentrent en France au début de l'année 1945. Si leur maison de la Mérigote (dans les environs de Poitiers à l'époque), mise sous scellés, a été relativement protégée (la bibliothèque est intacte), ce n'est pas le cas de l'appartement de la rue de Richelieu qui appartenait à sa mère, déportée par le Convoi No. 75 en date du de Drancy à Auschwitz où elle est gazée à son arrivée à l'âge de 86 ans. Selon les propos de leur fille Claude Bloch, l'appartement avait été totalement pillé par les Allemands qui étaient allés jusqu'à arracher des tuyaux, les robinets ou découper la moquette. Tout en menant une éprouvante recherche de ses proches disparus (sa mère, sa fille France Bloch, son gendre Frédo Sérazin), il reprend la direction de Ce soir. À ce titre, il assiste en juillet 1945 au procès du Maréchal Pétain.

En 1946, Jean-Richard Bloch est élu conseiller de la République communiste, sans arrêter son activité de directeur de Ce soir.

Sa mort inopinée, en , interrompt un mandat qui n'aura duré que quelques mois. Le journal Ce Soir lui consacre, en page une et deux, de nombreux articles signés Aragon, Marcel Cohen, Martin-Chauffier et des témoignages.

Des funérailles importantes sont organisées par le Parti communiste. Mathilde Péri, Madeleine Braun vice-présidente de l'Assemblée nationale, Simone Téry, Maria Rabaté, Pierre Kaldor sont présents.

Enfants

Sa fille France Bloch-Sérazin (1913), exécutée à Hambourg en 1943, fut artificière de l'Organisation spéciale et une héroïne de la Résistance.

Sa fille aînée, Marianne (1909), a épousé Gérard Milhaud ; ils ont été résistants à Lyon.

Son fils, Michel Bloch (1911), a été arrêté par la police de Pétain et en prison à Nontron ; libéré par la Résistance, il a ensuite été adjoint du préfet de Limoges. Il a épousé Colette Sellier, emprisonnée elle aussi à Clermont-Ferrand puis à Fresnes. Ce couple a occupé la maison de La Mérigote à partir de 1949. Michel Bloch avait décidé de s'y installer afin, notamment, que le maire (ex collabo) de Poitiers ne se l'approprie pas.

Son autre fille, Claude (1915), a épousé, en 1939, le poète espagnol Arturo Serrano y Playa, officier républicain en exil.

Hommage

La Mérigote, où Jean-Richard Bloch vécut avec sa famille, a été acquise par la ville de Poitiers et est devenue une résidence d'artistes.

Publications

Œuvres de Jean-Richard Bloch

Correspondances de Jean-Richard Bloch


Notes et références

Notes

Références

Annexes

Bibliographie

  • Pierre Abraham, Les Trois frères, Éditeurs Français Réunis, 1971
  • Annie Angremy (dir.) et Michel Trebitsch (dir.), Jean-Richard Bloch, ou, L'écriture et l'action, Paris, Bibliothèque nationale de France, , 335 p. (ISBN 978-2-7177-2160-7, OCLC 2717721606), p. 253-272
  • Auteur de l'avant-propos de Force-Bonté, premier ouvrage de littérature francophone, publié en 1926 par Bakary Diallo. Lire Edward A. Jones, “Diallo and Senghor as Interpreters of the New French Africa” in The French Review, vol. 21, no 6 (), p. 444–449.
  • Jean-Richard Bloch, Destin du Siècle, présentation et notes de Michel Trebitsch, Presses universitaires de France, 1996
  • Serge Klarsfeld. Le Mémorial de la déportation des Juifs de France. Beate et Serge Klarsfeld: Paris, 1978. Nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms.FFDJF (Fils et Filles des Déportés Juifs de France), 2012.

Articles

  • Europe, no 446, Sommaire
  • Notice « Bloch Jean-Richard », par Nicole Racine, article 16 926 dans Le Maitron en ligne.

Documentaire

  • « Jean-Richard BLOCH, la vie à vif », documentaire de Marie Cristani-Anekdota, Film-France 3 Poitou-Charentes, 2014.

Archives

  • Inventaire du fonds Jean-Richard Bloch conservé à La contemporaine.

Liens externes

  • Ressources relatives à la vie publique :
    • Maitron
    • Sénat
  • Ressource relative à la littérature :
    • Internet Speculative Fiction Database
  • Ressource relative à la musique :
    • International Music Score Library Project
  • Ressource relative au spectacle :
    • Les Archives du spectacle
  • Association Études Jean-Richard Bloch : https://www.etudes-jean-richard-bloch.org
  • Jean-Richard Bloch sur l'Institut d'histoire du temps présent, ihtp.cnrs.fr.
  • Michel et Colette Bloch, vrid-memorial.com.
  • La dernière lettre de France Bloch-Serazin, vrid-memorial.com.
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JeanRichard BLOCH, la vie à vif ANEKDOTA Productions

Richard Bloch

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Correspondances de JeanRichard Bloch [Groupe Études JeanRichard Bloch]