L'église Saint-Révérien est une église catholique située à Saint-Révérien, en France.
Dédiée à saint Révérien, il s'agit d'une ancienne prieurale, dont le monastère était directement rattaché à l'abbaye de Cluny, construite à partir du XIIe siècle.
Présentation
Unique vestige d'un prieuré conventuel (avec le logis du prieur et une ferme), cette église romane (choeur, déambulatoire et absidioles) et néo-romane (nef et clocher) recèle de remarquables chapiteaux, dalles funéraires, ainsi que des fresques des XIIIe, XIVe et XVIe siècles.
Plusieurs fois fragilisée ou détruite au cours de son histoire, elle est principalement reconstruite aux XVIIIe et XIXe siècles.
Elle est ouverte tous les jours.
Historique
Description
Général
De la prieurale romane du XIIe siècle, il reste le chœur, se composant de trois travées inégales à bas-côtés et le déambulatoire avec trois chapelles rayonnantes. La construction en moyen appareil est très soignée et richement décorée.
La nef à six travées avec bas-côtés et le clocher-porche occidental sont modernes (1833-1898).
L'église était dépourvue de transept et coiffée d'un clocher central sur le chœur, détruit par l'incendie de 1723. La nef avait des travées dissymétriques, possiblement avec des travées doubles aux piliers et colonnes alternants, comme dans la nef actuelle.
Il est probable que la nef et le chœur étaient élevés d'un second étage avec des baies supérieures. Cela impliquerait que les voûtes en berceau, même dans le chœur, ne soient pas d'origine. L'église avait un porche désaxé avec un portail roman dont quelques sculptures ont été remployées dans le clocher-porche actuel.
Extérieur
L'intérêt de l'extérieur se concentre sur le chevet qui donne sur les prés.
Ses dispositions sont rares, même si on considère les remaniements tardifs. Le déambulatoire a deux niveaux de baies. Les chapelles rayonnantes, rehaussées après l'époque romane, présentent des contreforts plats, des baies et des vestiges de modillons. Les archivoltes des baies sont décorées de chevrons, de palmettes et de perles. La nef est une large construction horizontale dont les murs latéraux ont de larges baies.
Le clocher-porche de la façade s'ouvre par un portail intégrant des sculptures romanes du XIIe siècle en réemploi. La voussure en plein cintre est décorée de rinceaux aux palmettes et grappes de raisin. À l'intérieur de l'arc se trouvent deux sculptures d'anges cariatides à quatre ailes. Ils soutenaient à l'origine une clé de voûte représentant Dieu le Père en gloire et bénissant. Le style presque byzantin des anges, de grande qualité, évoque un relief de l'abbaye Notre-Dame de Nevers conservé au Louvre.
Intérieur
Les parties anciennes de l'église (chœur, déambulatoire et absides) sont les parties les plus intéressantes de l'édifice.
Sa partie droite voûtée en berceau sur deux doubleaux se compose d'une travée simple et d'une travée double. Les grandes arcades en plein cintre retombent sur des supports variés : par face il y a un pilier cruciforme, deux piliers carrés à colonnes engagées et une colonne ronde. Le flanc sud fut mieux conservé avec son cordon décoré. La naissance d'une colonne engagée au niveau des voûtes y indique la présence probable d'un deuxième étage avec des fenêtres hautes. L'abside se compose de sept arcades brisées (à l'exception des premières arcades en plein cintre) et de six colonnes monolithes. Les arcades et le cordon au-dessus sont décorés de fleurons, de moulures et de décors géométriques.
Les bas-côtés étroits du chœur sont voûtés d'arêtes sur doubleaux brisés retombant sur des colonnes engagées. Ils se prolongent par le déambulatoire faisant le tour de l'abside qui reprend ce type de voûtement. Trois sections de murs conservent un double étagement de baies qui sont flanquées de colonnettes aux spirales et torsades, de chapiteaux et de tailloirs décorés.
Trois chapelles rayonnantes en cul-de-four, sans travée droite, donnent sur le déambulatoire. Leur plan légèrement outrepassé est dissymétrique, puisque la chapelle centrale est désaxée par rapport au chœur et la chapelle nord est moins large que les autres. Trois baies à colonnettes et chapiteaux éclairent chaque chapelle. Des fresques des XIIIe, XVe et XVIe siècles y sont à voir :
- dans la chapelle centrale, dédiée à la Vierge, le cul-de-four est peint des Litanies de la Vierge et les docteurs de l’église flanquent les baies ;
- dans la chapelle sud, dédiée à Saint-Joseph, se trouvent des peintures de saints et saintes.
Les chapiteaux sculptés du chœur sont le trésor de l'église. Il s'agit de l'un des meilleurs ensembles romans du Nivernais et même de toute la Bourgogne. Les sculpteurs, probablement venus de La Charité-sur-Loire, appartiennent à l'école clunisienne, mais ont également des liens avec Plaimpied-Givaudins ou Saint-Menoux. Le nom d'un sculpteur, Rotbertus, est inscrit sur un chapiteau et sur une base de colonne.
« Les chapiteaux des parties anciennes de l'église, historiés, imités de l'antique ou décorés d'animaux fantastiques, de galons, d'entrelacs sont du meilleur style et d'une exécution fort soignée ; ils peuvent être comparés aux magnifiques chapiteaux de l'église de la Charité-sur-Loire ».
Les thèmes des chapiteaux sont divers : scènes de l'Ancien et du Nouveau Testaments, bestiaire et animaux fantastiques, décors végétaux. Les tailloirs des chapiteaux ont souvent reçus des décors : dents de scie, damiers, guirlandes, éléments géométriques, salamandres et serpents.
Mobilier
Plusieurs objets de l'église de Saint-Révérien sont classés au titre de Monuments Historiques :
- dans la chapelle nord, une statue grandeur nature céphalophore de saint Révérien, du XIVe ou du XVe siècle, Classée MH (1913) ;
- dans le mur du collatérale sud, la dalle funéraire de Robert de Champallement, du XIVe siècle, Classée MH (1992) ;
- dans le mur du bas-côté nord de la nef, la dalle funéraire d'Hugues de Lespinasse (†1374), du XVIe siècle, Classée MH (1992) ;
- dans le mur du bas-côté sud de la nef, la dalle funéraire de Marguerite de Thianges (†1413), du XVIe siècle, Classée MH (1992) ;
- dans la nef, tableau la Résurrection, peinture à l'huile d'Emile Paley, du 1er quart du XIXe siècle, Classé MH (1976) ;
- en haut d'un pilier du chœur, plaque commémorative de la bataille de Cravant du premier quart du XVe siècle, Classée MH (1956).
Protection
L'édifice est d'abord classée dans son intégralité au titre des monuments historiques par la liste des monuments historiques protégés en 1840 puis la nef est déclassée par arrêté le 1er juillet 1887 (ne restent que le chœur et les parois décorées de peintures murales). Le 6 août 1958, la voussure supportant un bas-relief du XIIe siècle, en pierre sculptée, représentant deux anges, située à la partie supérieure du portail est classée.
Prieurs
Liste non exhaustive
- 1171 - 1172 : Jean ;
- 1269 : Pierre ;
- 1343 : Guillaume de la Forest ;
- 1396 : Jean de Bussy ;
- 1409 - 1436 : Gui de la Perrière ;
- 1445 : Simon de Roncheval ;
- 1498 : Guy de Baudreuil ;
- 1534 : Charles Baudreuil ;
- 1572 : Olivier de Pontalier ;
- 1598 : Pierre Damas de Crus ;
- 1598 - 1652 : Achille Damas de Crus ;
- 1652 - 1663 : Édouard Vallot ;
- 1666 - 1669 : Eustache de Chéry ;
- 1669 - 1698 : Michel de Chéry ;
- 1698 - 1728 : Eustache II de Chéry ;
- 1728 - 1778 : Laurent de Chéry ;
- 1778 - 1781 : François Mouchet de Villedieu.
Références
Voir aussi
Liens externes
- Ressources relatives à la religion :
- Clochers de France
- Observatoire du patrimoine religieux
- Ressource relative à l'architecture :
- Mérimée
- « Saint-Révérien », sur bourgogneromane.com (consulté le )
Articles connexes
- Liste des monuments historiques de la Nièvre
- Liste des monuments historiques protégés en 1840
- Portail des monuments historiques français
- Portail de la Nièvre
- Portail de l’architecture chrétienne


